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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/166

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L’ÉCRIN DU RUBIS

trente années pour triompher du préjugé rigoriste qui l’entachait d’indécence. Si c’est pour ce qu’il a d’intime, la chemise qui, là-dessus, pouvait lui rendre des points, eût mérité la même réprobation. Car la chemise touche au plus secret de la chair. Moins décolletée alors qu’aujourd’hui elle n’en était pas moins évocatrice. L’échancrure de la gorge et de l’aisselle indiquait des vallonnements, des replis et des cachettes propres aux baisers ; et ses manches courtes étaient bien une piquante gaîne odorante qui n’avait rien à envier pour l’imprévu à la gaîne du pantalon. À suivre sa ligne évasée à l’excès et qui n’en finissait pas de longueur, il était cependant un endroit de la chemise où le regard pouvait chercher le triangle d’ébène ou d’or qui, de son gazon crépelu, chevronnait la transparente blancheur du tissu. Mais elle n’avait tout de même pas, en son dessin, cette audace qui devait faire d’abord la honte, puis la gloire du pantalon.

Car ce diable de petit vêtement que M. Marcel Prévost traitait si légèrement d’inutile et de bizarre avant que les demi-vierges du cercle mondain où il prit ses modèles et que j’ai connues toute enfant, ne le persuadassent de son erreur par le luxe qu’elles y apportaient, ce petit vêtement pervers comme les ardeurs qu’il abrite,