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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/183

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L’ÉCRIN DU RUBIS

tendaient leur couture sur les deux ovales de la croupe, et leurs échelons de volants ouvraient le doux cheminement vers la charmille.

Côte à côte sur l’ottomane du boudoir réservé à ces ombres charmantes, leurs parures dessinaient les molles langueurs qui s’y étaient encloses, et je voyais des mains égarées dans les tièdes cachettes, des bras paresseusement noués autour des tailles et des nuques, des jambes qui s’accouplaient entre elles, pistils éclatants d’un calice de soie. Est-ce Alice Labruyère et Léonide Leblanc qui s’entre-baisent en forme de colombes, ou Mlle Cico et Mlle Delacour, est-ce Eugénie Doche et Nathalie, ou Jeanne Desroches et la brune Cortès ? Suis-je à l’Eldorado de Saint-Germain où la Princesse Troubetzkoï, la Comtesse d’Adda, Mme Manara, la Marquise de Persan, et Mme Charles Laffite venaient cueillir le fruit défendu ? Mon imagination ne voit qu’un désordre de corsages dégrafés, de berthes de dentelle moulant la turgescence de mamelons de neige pointés de rose ; c’est un doux bruit de robes de faille ou de satin que remontent par devant jusqu’au genou des doigts aventurant leurs caresses sous la masse épaisse et légère des jupons à passes de rubans ; c’est une mêlée de jambes rose, perle ou azur, les unes enlacées comme des lianes sous un enfouissement d’ajourées blancheurs qui mêlent leur écume de vagues en remous ; d’autres, arcboutées sur leurs Louis XV, distendent dans leur écartement la corolle ombellée des