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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/185

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L’ÉCRIN DU RUBIS

modes, l’arachnéen tissu de son dernier voile. Passée sultan dans sa grâce garçonnière d’éphèbe vicieux, c’est elle, à présent, qui jette le mouchoir.

Le même esprit libertin et sensuel qui, derrière les glaces des capiteux étalages sait disposer avec une entente si parfaite de la provocation, le cadre des suaves féminités, étale au grand jour les affolants mystères de la pudeur charnelle, livre à la concupiscence l’intimité des sous-robes sur d’adorables fantômes de cire pervers et chimériques.

Il n’y a encore qu’une vingtaine d’années, les divers articles de lingerie et de bonneterie ne s’affichaient qu’avec la discrétion que la Femme apportait à retrousser sa jupe, à montrer sa cheville et son mollet, ou à laisser pointer les dents de broderie de son pantalon quand la Mode le faisait descendre jusqu’au genou. Qui n’a gardé la mémoire de ces apparitions soudaines et fugitives d’une molle traînée blanche zigzaguant sur les fonds éclatants ou tendres d’un bas de couleur, ou sur les ténèbres brillantées du bas noir ?

Bas, chemises, culottes, corsets ne se montraient alors dans les catalogues et aux vitrines qu’en leur pliage pudique et prêts à être serrés dans l’armoire, tels de délicats ouvrages où s’étaient exercées des mains enchantées et discrètes. Un jour ces choses mignonnes si jalousement tenues dans l’ombre du gynécée, montrées avec réserve, choisies avec mystère, s’enhardirent