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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/190

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L’ÉCRIN DU RUBIS

perspective qui donne au spectateur le sentiment d’être placé en contre-bas du plan choisi par le dessinateur pour ses personnages. Cette habileté répond à la fascination qu’exerce la robe courte. Elle est une telle sollicitation pour le regard, un tel attrait pour l’imagination, que l’Art s’est appliqué à nous en rendre les effets par une manière de perspective où nous avons l’illusion des privautés dont nous sommes si gourmands quand une jupe passe à hauteur de nos yeux. Cette volupté à nous saisir des dessous de la Femme malgré la pauvreté de ce qu’ils sont maintenant, cette volupté à suivre le prolongement de la silhouette ensorcelante des jambes par delà le cercle où elles rentrent dans une ombre lourde du mystère que nous en font nos mœurs, lourde des secrets qui y reposent, la publicité l’exploite en de croustillants dessins de femmes évoluant au-dessus de notre regard, ou assises, tandis que nous sommes à leurs pieds : celle-ci occupée à enfiler son bas, — un bas cochon, comme disait Verlaine, — ce bas cuissard qui, par l’étranglement de son liséré de couleur ou de son ourlet de dentelle, laisse tout juste échapper ce renflement de chair si satiné où s’accolent les deux cuisses ; celle-là ajustant sa jarretelle dans une gracieuse torsion de son buste sur sa jambe fléchie ; cette autre pour faire valoir une botte dont la tige de daim lacée sur le devant cambre la cheville et fait saillir un impeccable mollet, ouvre sur nous, d’une jambe en croix, le cercle de sa robe.