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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/194

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L’ÉCRIN DU RUBIS

laient de nos épaules à nos flancs le plus somptueux voile d’or ou de jais dont notre nudité pût parer l’autel où elle s’étend pour le divin sacrifice. Je ne dirai pas non plus nos regrets qu’elle ait dissipé le mystère de ces profondeurs éburnéennes où chantait la voix des Sirènes, et dont l’art du retroussé où la Parisienne était passée maîtresse avait fait la plus piquante de nos séductions.

Avec l’éclatant mirage des enveloppements de dentelles et de broderies dont le rituel d’une toilette qui était à soi seule une volupté, ouvrait à l’aventure des sens un monde de jouissances, la robe courte a emporté encore cette beauté souveraine d’un buste délié et gracile, cambrant le sillon ensorceleur du dos sur les renflements d’une croupe provocante où notre sexe affirmait ses promesses.

C’en est fini avec elle des joies de cette adoration muette qui nous tenait aux pieds de l’idole, quand, debout, devant nous, ou paresseusement allongée sur le canapé de son boudoir, elle nous laissait effeuiller, d’une main tremblante, la rose mystique de ses pudeurs.

C’en est fini des enivrantes délices d’une illusion qui ouvrait aux enlacements les cercles magiques d’une féerie de voiles où la Femme avait diffusé son âme et son parfum.

C’en est fini d’égrener le chapelet des mystérieuses tendresses dans la couvaison de ces intimités profondes