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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/193

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L’ÉCRIN DU RUBIS

éloquence qu’elles ne doivent qu’à elles-mêmes. Dans les renflements, les amincissements, les sinuosités et les courbes de leurs lignes, la nature a accumulé des appas qui asservissent nos sens comme un beau visage asservit notre cœur. Isolées à nos regards du reste du corps, leur valeur expressive, loin de s’atténuer, s’accroît au contraire de l’énigme qu’elles sont à notre esprit dans la diversité de leur action et de leurs poses conjuguées. C’est alors comme l’intrigue d’une femme sous le masque. Leur figuration accouplée a sur l’imagination la force d’un sortilège ; on ne peut s’en défendre et il nous poursuit jusqu’en présence d’un portrait en pied, où sous le glacis des moires, des satins et des peluches, notre regard cherche encore les transparences insidieuses ou réticentes.

Aussi ne médirai-je pas de la Mode d’à présent qui, dans l’évolution du goût et des mœurs est l’expression, comme toutes celles qui l’ont précédée, d’une nouvelle recherche de la sensualité.

Certes, elle nous a dépouillées de cet appareil de la majesté qu’étaient les écroulements massifs des drapés, les ruissellements des volants, les vagues houleuses des traînes princières ; je ne dirai point ce qu’elle a fait de nos splendides chevelures dont les ondes annelées dérou-