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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/198

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L’ÉCRIN DU RUBIS

C’était l’époque où renouvelant les extravagances somptuaires de la belle Christine de Belgiojioso et s’inspirant des magnificences inouïes dont Bone Sforza avait composé le décor de sa couche de jeune reine de Pologne, Mme Ernest Feydeau donnait à ses mignons péchés le luxe d’un lit tendu de draps de velours noir. Une autre princesse de la Mode, la Marquise de B…, soucieuse dans son éblouissante beauté de préparer à l’office de Vénus un sanctuaire digne de son culte, mettait vingt mille francs aux splendeurs de six parures — chemises et pantalons, — qu’elle réservait pour s’offrir à la déesse.

Nous avions l’avant-goût des délices de la faute dans notre application à la rendre chaque fois nouvelle, imprévue, capiteuse sous les dehors que nous lui préparions. Nous lui faisions une route ou propice, ou semée d’embûches parmi la floraison d’élégances où se tapissait notre corps. Le bonheur qui nous attendait était déjà dans la préméditation d’une toilette minutieuse qui, réglée sur la qualité du plaisir que nous nous promettions, marquait les desseins de notre volupté dans les indiscrétions ou les réticences des somptuosités dont nous faisions un lit à l’amour.

Une autre fashionable, Mme de La V...., ourlant de dentelle noire son linge de batiste, mit un frisson nouveau dans l’imprévu de notre déshabillé. Et quelques excentriques dont je partageai un moment la folie, pous-