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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/199

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L’ÉCRIN DU RUBIS

sant à son excès l’étrange corruption de cette élégance, s’enveloppèrent des pieds jusqu’à la gorge d’un réseau d’épaisses ténèbres, sous l’obscur fouillis de jupons de surah noir garnis à l’espagnole de dentelles noires, ou tout plissés de fronces que rattachaient des rubans cramoisis. Du gorgerin de la chemise de soie noire nos épaules émergeaient plus blanches qu’une tombée de neige, et le pantalon de satin noir ruché de vieux point d’Angleterre accusait au regard perdu sous la robe, par la faille béante dans une obscurité d’Erèbe, la lèvre de pourpre sombre que nous avions ravivée d’une touche de rubis, comme nous avions relevé d’une pointe d’indigo les petites veines du sein, et, d’un trait de koheul, baigné d’une ombre chaude la langueur de nos yeux. Sur l’impalpable Chantilly dont la jambe rosait par transparence les entrelacs arachnéens et les médaillons, un œillet rouge d’Espagne piquait de son haleine poivrée, le nœud d’une jarretière de dentelle ancienne blasonnée d’un monogramme d’or.

Restif de la Bretonne, si étrangement sensible aux choses du mundus muliebris, n’avait-il pas pressenti déjà que son linge doit être la partie essentielle de la parure de la Femme ?

Quel régal pour le connaisseur en chiffons d’éloigner, soulever, ou supprimer par la pensée ces dessous tout frémissants des images qu’en nous en revêtant devant la psyché, nous avions évoquées dans le sentiment de