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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/200

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L’ÉCRIN DU RUBIS

nous apprêter pour un grand mystère, selon une liturgie mystique qui avait spiritualisé en quelque sorte la coupe, les lignes, les enveloppements, la matière des pièces de notre parure ! Quelle volupté n’était-ce pas pour notre amant de leur arracher le secret de l’intention que nous y avions mise par un choix où nous avait guidées la recherche des effets sensuels de leur style, de leur coloris, et de leur forme ; d’y surprendre les délicieux émois d’une toilette dont nous avions savouré, durant l’apprêt de notre corps, tous les temps successifs et les mouvements qui s’y liaient, comme autant d’actes symboliques d’un rituel du de Figuris Veneris !

« Il n’y a pas d’idole, écrivait un de ces énamourés du symbolisme érotique de la Mode disparue, il n’y a pas d’idole recouverte de pierreries, peinte de couleurs bizarres, travaillée en matières précieuses, jade, ivoire, onyx, sardoine, porphyre, qui vaille la Femme moderne, la créature la plus essentiellement magique, la plus extraordinairement mystérieuse qu’aucun rêve et aucune sorcellerie aient jamais imaginée. C’est un être recréé par lui-même, si loin de la nature, que la nature ne peut plus prétendre à aucune part dans sa forme, son aspect ni son âme. C’est un être mystique, un verbe fait couleur,