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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/214

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L’ÉCRIN DU RUBIS

qui porte une jambe joliment habillée sur l’autre en entraînant le bord de la robe avec elle, découvrant ainsi le sommet de son attache sous le chiffonnage d’un coloris de crêpe ourlé de dentelle écrue. Rien de captivant, dans l’encadrement ovale de la jupe arrêtée au jarret, et quand elles sont longues, fines, fortes, grasses et nerveuses à la fois, ayant, selon le souhait de Baudelaire, « toute la correction du beau et tout l’attrait libertin du joli », rien de captivant, dis-je, comme la complaisante montre de nos jambes prudemment jointes, dans une attitude de pudeur provocante qui n’en est qu’une invitation plus pressante pour l’œil à se glisser par l’interstice des deux genoux sur les plans arrière profilés par les cuisses.

Il n’est pas de Femme déjà aoûtée, bien faite et ayant évité l’épaississement des ans, qui n’ait à se féliciter d’une mode qui a reculé pour chacune la mélancolie des jours où l’on ne se retourne plus sur elle. Car la jambe a surtout ce privilège de rester jeune ainsi que le désir dont elle est le chemin. Un bas de soie tiré sur une jambe joliment modelée et chaussée du dernier goût, élançant sa cambrure sous la robe n’a pas d’âge ; la Femme de plus de cinquante ans y peut rivaliser avec de plus jeunes, d’autant que si elle est de celles qui cherchent