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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/215

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L’ÉCRIN DU RUBIS

aventure, elle ne sera que plus soigneuse de sa chair et de son élégance.

On sait le diabolique effet de ce bas quand il est tendu comme un autre épiderme, et de quel piquant rehaut il flatte avec sa jarretière la nudité. Baudelaire en évoque le frisson dans ce vers qui est toute une scène de polissonnerie :

......des enfants toutes nues
Pour tenter le démon ajustaient bien leurs bas.

Un pli ici, c’est le pli de la feuille de rose dans le lit du sybarite. « J’ai vu ses bas plissés sur des jambes en garaude », écrivait avec dégoût Mérimée, très délicat en cette matière, pour expliquer le subit détachement qui lui faisait abandonner à son ami Mareste, Alberthe de Rubempré (la fille de Boursault) qu’il venait à peine de recevoir de Beyle.

Les modes défuntes ne permettaient guère aux plus coquettes d’en montrer assez pour balancer par l’agréable surprise de cette exhibition, la défaveur d’un visage fané. Pour en vaincre l’éloignement instinctif, il fallait l’aguiche d’une heureuse circonstance qui, troussant au plus haut la robe, mît à découvert tout le mollet battu par le murmure écumant des jupons emplis d’une ombre prometteuse. À moins d’une singulière disgrâce de la nature, il n’était Femme sur le retour qui, dans cet instant, ne retrouvât la vertu de la jeunesse.