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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/217

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L’ÉCRIN DU RUBIS

bes de mon inconnue. Entre le col de la cheville qui était des plus dégagées et celui du genou qu’elle avait d’une rondeur parfaite, elles me présentaient le profil de leur mollet un peu maigre mais haut et bien accusé, gaîné d’un joli bas rose. De nuance assez vive celui-ci tranchait avec la cuisse dont la blancheur ivoirine s’étalait entre l’étranglement de la lisière tendue en pointes par la double jarretelle et la Valenciennes d’un petit pantalon de batiste, étroit mais suffisamment long pour donner à l’entre-jambes cette profondeur angulaire qui en est le charme caché.

À mon émoi, je me persuadai une fois de plus que la volupté est un composé d’éléments où l’âge n’a que la plus faible part et qu’elle est surtout la délectation égoïste de l’imagination à travers les mensonges de la toilette. À nu, me disais-je, tout cela n’est peut-être que chair flasque, fluidité des fesses, ventre sillonné. Et pourtant une fille de vingt ans dont le visage me serait dissimulé derrière son éventail n’aurait pas en ce moment une action plus forte sur mes sens que la maturité avancée de cette coquette sous le prestige de ses voiles. Tant il est vrai que si la jeunesse ajoute à l’attrait de la parure elle y supplée difficilement quand celle-ci manque, qu’elle ne garde toute sa valeur que dans la nudité, et pour tout dire, que les artifices de l’élégance et du maquillage sont les armes les plus sûres de nos succès.