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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/216

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L’ÉCRIN DU RUBIS

De ce qui n’était que le succès d’une occasion fortuite, la robe d’à-présent fait une faveur constante. L’une d’elles, l’an dernier aux arènes d’Arles, m’en fit mesurer tout le pouvoir. C’était une femme de la cinquantaine qui avait dû être des plus piquantes dans son bel âge. Elle en avait gardé cette hallucinante séduction des formes étiques particulière à quelques-unes dont Baudelaire prétend qu’elles sont un puits de voluptés ténébreuses. Sa taille était élancée, sa peau blanche. Sa poitrine plate, la maigreur de ses bras et des épaules, une tête petite, artistement peinte, sur un cou dégagé dont un collier de perles allongeait encore l’attache fort menue, me firent tout d’un coup songer, en la déshabillant de l’œil, à ce nu d’inquiétante morbidesse saphique que Domergue a si puissamment réalisé dans sa Femme au parasol.

En s’asseyant, sa jupe très étroite et qui sanglait les deux lobes de sa croupe, avait remonté jusqu’au milieu des cuisses que l’extrême chaleur lui faisait écarter. Placée en diagonale, à trois ou quatre rangs de gradins au-dessous d’elle, il me parut que c’était de son côté que se donnait le spectacle. J’en pris le régal sans plus de façon qu’elle n’en mettait à me l’offrir.

Tandis que de sa lorgnette elle suivait les incidents de la course j’occupai tout mon temps à la douce insistance de mon regard qui se pâmait à caresser comme avec la main le glacis léger dont la soie modelait les deux jam-