Aller au contenu

Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
L’ÉCRIN DU RUBIS

change de leurs véritables griefs contre elle. Leur accès de rigorisme n’est que déception de leur sensualité, j’en suis bien certaine. Ils ne reprochent pas à la Mode, quoi qu’ils disent, de nous découvrir jusqu’aux genoux, — car qui se lasserait de ce dont le bas et la chaussure font l’attrait par excellence de notre corps, — ils lui en veulent d’avoir sacrifié l’exquise féminité de nos dessous, tout ce qui était la décence et l’écrin de nos beautés, l’illusion et le mirage du mystère perpétuellement renouvelé par l’artifice, à l’aberration de l’éthique du sport et du nu.

Quand M. de Waleffe, en une de ses chroniques, paraît s’offusquer du spectacle qu’il a eu en pullmann-car d’une élégante court vêtue, retour de Biarritz, qui devant lui croisait ses bas de soie rose assez haut pour découvrir des boutons de jarretelle en diamant, gardez-vous de croire qu’il n’y ait pris aucun agrément. J’imagine, au contraire, qu’il ne s’en est point distrait de tout le voyage et qu’il s’est donné le loisir de reposer son regard sur ce lieu délectable qu’est dans l’équerre d’une jambe haute et d’une cuisse d’un évasement effilé, un genou sans défaut avec son maillot de soie. — Le genou, perfection rare, mais combien savoureuse avec ce creux du jarret, — analogue à celui de l’aisselle — dont la jointure marbre le bas d’un subtil relent de chair emprisonnée ! Baudelaire en consignait la ferveur qu’il y portait dans une de ces notes amorphes qui étaient comme les instants de délire de son