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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/227

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L’ÉCRIN DU RUBIS

elle ne s’enroule pas, par-dessus un bas invisible, de dentelles comme jamais princesses de légende n’en ont porté, le même décorateur attaché à sa personne, d’un pinceau digne des plus fines fantaisies d’un Lancret ou d’un Watteau, aquarelle l’épiderme satiné de sa jambe d’arabesques, de médaillons ou de guirlandes dont Mlle Mado Linty serait jalouse pour la sienne.

Elle se complaît à l’artifice, à tous ces rehauts spirituels et à ces réveillons piquants dont une main exercée recrée en quelque sorte la nature ; elle déguste comme l’ivresse d’un vin capiteux cette dépravation du nu pictural d’à-présent, avec ses maigreurs exquises, ses curiosités chamelles, ses audaces lascives, en un mot ce type de séduction caractérisé par un ensemble d’excès dont toute la saveur est dans cet écart du type normal qui ouvre à l’imagination les enfers lubriques.

Bien que ce goût si prononcé de l’artificiel qui éloigne Nicole de la simple nature, ait incliné ses préférences sensuelles vers les raffinements quintessenciés de la parure, elle a voulu pourtant se donner la jouissance d’elle toute nue sous les apparences de cette stylisation délicieusement corrompue dont l’Art contemporain a le génie. Elle a posé devant Van Dongen pour qui elle a été certainement de toutes celles qu’il a portraiturées sans voiles, une des plus érotiques évocations du corps de la Femme, un de ces rares modèles qui fassent mentir