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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/34

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L’ÉCRIN DU RUBIS

floconneux, qu’éclairs de blancheur ambrée sillonnant les profondeurs estompées d’un retroussé à mi-jambe de quelque traîne de satin ou de velours. Tous, dans la diversité de l’émotion propre à chacun se fondent en une seule vision du corps de la Femme deviné, dévoilé, souhaité à travers les accessoires de sa parure, et peu à peu confondu avec eux, dans le trouble désir d’elle, jusqu’au point d’une substitution complète du décor de sa personne à sa personne elle-même.

La robe me devint ainsi une hantise accompagnée de reviviscences tactiles et olfactives si présentes et précises que j’y goûtais le charme de la réalité. Des sensations confuses, des appétitions vagues, des pressentiments incohérents me faisaient une douceur exquise de la solitude des chambres où flottaient les sensuelles exhalaisons des robes appendues. Quel émoi à m’enfouir sous leurs orbes parfumés, pour y surprendre les formes évanouies, à pétrir la neige des frou-frous, à humer l’acide relent où s’étaient marquées les aisselles ! Mes jeux avec mes amies n’étaient que prétexte à jouir du frôlement de leurs jupes, de la tiédeur dont leur séant avait frappé l’étoffe, d’une échappée de vue à travers leurs dessous. Quelquefois, au cours d’une partie de cache-cache, entraînant une de mes partenaires dans un