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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/36

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L’ÉCRIN DU RUBIS

volupté, automate soumis à sa discrétion, présente pour elle seule, absente pour moi, n’ayant de la vie que la chaleur et l’odeur de ma chair, ombre sans regard et sans conscience, passive à son désir, étrangère aux scènes qu’ordonnerait sa fantaisie ! J’exaucerais dans le servage de ma personne à son caprice, le vœu qui traverse comme un frisson le volume de ses Pensées, celui de l’extase sans témoin où ainsi qu’elle l’écrit, la Femme « est à la fois son autel, son encens et sa divinité ».

Car la volupté est dans tout ce qui prépare, prolonge et soutient le désir, et elle n’est parfaite que solitaire, quand elle tire tous ses aliments du rêve et des jeux de l’imagination, sur des délectations recherchées que nous donnent des sens subtils, évocateurs d’images et pour tout dire, presque intellectuels.

J’en avais le pressentiment alors que j’ignorais encore tout de notre sexe. Je fus longtemps à croire que le propre de celui-ci c’étaient une longue chevelure, la grâce du visage, une peau fine et nacrée, un timbre de voix très doux, des membres grêles et la robe. Certes, quand une fillette que protégeait seulement un pantalon fendu, s’asseyait devant moi sur ses talons, la fleur purpurine qui entr’ouvrait son calice dans l’écartement des jambes impubères, aurait pu m’instruire des vocations de la