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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/48

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L’ÉCRIN DU RUBIS

droites et fines dans leur gaîne étirée de soie noire, d’où à mi-cuisse émergeait du liséré mauve la chair laiteuse pour s’enfouir dans la pénombre de mon pantalon à triple passe de Valenciennes.

La chaleur me monta au visage ; je ne sais quel besoin d’étreinte crispa mes doigts sur les profondeurs de l’écume qui moussait autour de mes genoux, balança mes reins d’un mouvement convulsif, et raidit mes jambes enlacées dont la pression me fut infiniment douce à l’endroit où l’échancrure du mignon pantalon mettait à nu la friction de la chair contre la chair. Cette nuit-là, pour la première fois, le sommeil me prit dans la pose de la Vénus de Florence.

Baignant avec indolence
Dans un manchon ses doigts menus.

L’éveil de ma sensualité qui avait devancé de beaucoup mon développement physique ne s’était pas accompagné des exigences d’un instinct déjà sûr de sa voie. Je ne soupçonnais encore rien des buts de la nature et de l’extase par laquelle elle nous conduit à ses fins. Mais les premières manifestations du désir qui, un dimanche de Pâques, avaient rivé mon émoi dans nos jeux de fillettes sur cette chose affolante de blancs dessous brodés et bien