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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/49

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L’ÉCRIN DU RUBIS

repassés, encadrant dans l’ovale allongé d’une fente la ligne ombrée d’un derrière accroupi, avaient, de ce jour, fixé pour longtemps mon appétition sensuelle. L’effet m’en fut si foudroyant que je mesurai à l’étendue de mon trouble, moins la gravité de mon péché que l’importance du mystère que je venais de percer. L’impression indicible que me fit cette voie secrète dans les blancheurs du linge associa aux vagues prémonitions de l’instinct encore en sommeil, l’image qui devait à jamais l’émouvoir de préférence à toute autre. L’expérience répétée du ravissement que me donnait la figuration seule des parties cachées, borna alors ma recherche de sensations plus aiguës. Tous les accessoires des dessous, ce bas noir prolongeant la tige d’une bottine bien cambrée, cette jarretière avec sa tache vive dans la pénombre des jupes qui encerclaient d’un fond de broderies dont les festons traînaient à terre le dessin d’une croupe ramassée sur ses jambes, ce pantalon surtout… mais quel émoi à ce mot et à ce souvenir ! Les pantalons ! J’avais eu de bonne heure pour eux une prédilection sensuelle obscure où se marquait déjà la disposition de mon esprit à ramener à l’imagination la source de la volupté. Avant que je n’eusse lié à leur forme l’idée de leur contenu, j’éprouvais je ne sais quelle excitation à les regarder, à les toucher, à passer ma main dans leur fourreau, à friser entre mes doigts le grain de la broderie ou le relief de la dentelle, et mes joues s’empourpraient à l’interrogation de