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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/50

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L’ÉCRIN DU RUBIS

mon regard arrêté sur l’entaille de leur coupe. Chaste d’abord, elle s’était peu à peu teintée du sentiment que notre confesseur appelait l’immodestie. En nous mettant en garde avec une vivacité excessive d’images contre les entraînements de la délectation morose et l’obscénité des pensées, il avait attiré mon attention sur les délices du péché dont il nous faisait une abomination. Ce soir-là, en me déshabillant, et le lendemain à ma toilette du matin, une glace m’éclaira sur le sens des sévères admonitions qui avaient mis le trouble dans mon âme.

Par delà leur grâce ingénue, je démêlai l’impureté qui s’attachait à chacun de mes gestes. Assise au bord du lit, la chemise de nuit retroussée au genou, je regardais mes doigts dérouler avec prestesse mes bas de fil d’Écosse le long de ma jambe pointée en avant, tendre avec soin le réseau de leurs mailles pour qu’il n’y eût pas un pli, que la couture fût bien droite. La chemise de nuit glissa de mes épaules et pour la première fois je la laissai s’écrouler à mes pieds alors que j’avais encore les bras en l’air pour passer celle de jour. Je m’étais vue nue bien souvent, mais je ne m’étais jamais regardée. Et ce me fut une émotion étrange que la révélation de ma nudité avec ce rehaut outrageant de mes bas montés si haut et de cette tache moussue à l’intersection des jambes jointes évasant depuis le ruban de la jarretière leur renflement d’amphore. Les reins cambrés, les petites pommes de mes seins saillantes, les fesses creusant leur fossette