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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/54

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L’ÉCRIN DU RUBIS

avidité qui accélérait les battements de mon cœur tous les recoins du ciel où j’étais enfermée. Mon désir se roulait dans la blancheur frais odorante d’un jupon empesé orné d’une grande broderie ajourée, plissée au petit fer, et promenait son antenne le long d’un pantalon enserrant le genou d’un volant de plombante Irlande sous laquelle transparaissait le satin azur d’une jarretière ruchée. Rendue plus audacieuse par l’ivresse qui me gagnait, je m’avançai un peu plus ; puis relevant avec la précaution d’une chatte robe et jupe que je laissai retomber sur mes épaules, j’enfouis mon visage jusqu’à mi-hauteur des cuisses de ma belle amie. Un geste maladroit de mon côté, un mouvement inattendu de Marguerite, et j’étais perdue. Mais elle était si occupée et d’ailleurs si naïve, qu’elle ne sentit pas ma présence sous elle ni le souffle dont je devais la brûler. Là, ce fut pour moi l’extase, car je me haussai jusqu’à cette ouverture soigneusement coulissée, dont les plis sont si évocateurs par l’image qu’ils emportent de la chair qui s’est écrasée sur eux et par l’haleine qu’ils nous rendent de ses senteurs capiteuses. Donnant à Marguerite le change d’un trébuchement qui me faisait me retenir à elle, je tirai au-dehors le pan de sa chemise et mis à nu le ravin creusé entre les deux rondeurs rosées de son derrière. Cette vision ne fut que le temps d’un éclair. Mais qu’éprouvai-je quand, dans le mouvement de Marguerite fléchissant sur ses jambes pour s’effacer plus