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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/63

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L’ÉCRIN DU RUBIS

pressible, la tentation d’y porter une main timide, ou ton émoi furtif quand tes doigts frôleurs en ouvraient le judas à tes fesses roses, et ces effleurements exquis que tu n’osais t’avouer, lorsqu’alanguie en ta bergère, tu sentais sous tes jambes croisées la soie de tes bas crisser contre ta chair, et le frou-frou de tes jupons t’envelopper de tendresses que leur rendait ta bouche le soir en les quittant !

En cette minute qui marquait la première surprise de tes sens, ces sollicitations vagues et jusque-là craintives s’évoquèrent à ton esprit comme les fleurs délicates du péché que je t’entraînais à cueillir. Le subtil arôme qu’elles répandaient dans la pièce que le crépuscule tombant emplissait peu à peu d’une ombre complice, unit dans le même vertige ton âme à la mienne et enchaîna ton corps à mon désir dans le partage d’une volupté d’images où s’éveillaient nos deux instincts. Tantôt foulant d’un pied mignon ma poitrine, tantôt une de tes jambes hardiment pointée en angle obtus sur l’autre, sous la cascade de tes jupes ; tantôt tes cuisses fléchies en équerre sur tes genoux, dans un écartement des voiles, tantôt encore dans la flexion de ton buste sur l’assise de ta croupe bridée par le linon, ton imagination te livra aux délices des entrebâillements polissons dont les mille jeux où tu t’évertuais, précisaient maintenant pour toi les langueurs confuses où ta psyché, à ton déshabiller, t’avait parfois surprise.