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L’ÉCRIN DU RUBIS

déshabiller ; ce qu’on n’a pas vu d’elle vaut toujours mieux que ce dont on se souvient. Bien certainement Adam trouva à Ève des charmes inconnus quand elle se fut tressé une ceinture de feuilles de vigne dont les dents étaient suffisamment évidées pour faire valoir ce qu’elles avaient l’intention de masquer.

Car tout est là dans la volupté. On l’oublie trop aujourd’hui que le linge, cet écrin du rubis qui en fait valoir la beauté, est rendu à la quasi simplicité des maillots dont les Merveilleuses du Directoire lassèrent bien vite notre besoin d’illusion. L’esthétique présente de la parure féminine tient dans ce joli mot de M. Louis Verneuil : « Rien du tout sur pas grand’chose. » C’est l’ère de la « grande peau », le torse nu dans un décolletage qui, devant et derrière, livre tout jusqu’à la ceinture. Quelle erreur, et quelle profanation des beautés du corps ! De quel esprit charmant et avec quel sens de la volupté l’a souligné M. Gérard de Beauregard dans son Manuel de la Femme supérieure. « Ce qui fait le charme d’un nu, écrit-il, c’est qu’il soit limité, c’est la conviction où se trouve le spectateur que le peu qu’il voit suppose des merveilles toutes voisines, si adorables, si excitantes qu’on n’ose les présenter à ses yeux éblouis ». Et prônant le décolletage à la Vierge comme le cadre le plus seyant d’une belle gorge, il ajoute : « À peine distingue-t-on l’origine de la gorge, et pourtant on la devine, on la sent blottie, craintive, palpitante. Les premiers con-