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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/76

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L’ÉCRIN DU RUBIS

s’oublient à goûter sur eux cette ivresse lente et prolongée qui se dégage de tous les accessoires de notre costume ? L’abbé de Choisy, le chevalier d’Éon de Baumont, Savalette de Lange qui passèrent leur vie sous les accoutrements féminins, eurent des émules. La Vie Parisienne signalait en 1900 un acteur américain spécialisé dans les rôles de femme qui, chaque année, venait faire la remonte de sa garde-robe rue de la Paix. Le jour des essayages, sa soubrette arrivait avec une valise renfermant bas de soie, souliers de satin, chemise et pantalon ajourés d’entre-deux, corset de satin, jupon de mousseline de soie volantée de Valenciennes, et il s’en attifait avec le naturel dont se marque une habitude quotidienne. Il y a deux ans, la Cour des divorces de Londres n’a-t-elle pas retenti des doléances de Mrs John Huys Russell contre son mari dont la garde-robe féminine rivalisait de splendeurs avec la sienne ?

Ce ne sont pas seulement les imaginations modernes qui exigent de la délicatesse et du mystère en amour. Et l’Hermite de la Chaussée d’Antin n’est pas le premier qui a pu dire que « chaque forme que la Femme découvre, chaque voile qu’elle retranche est une faveur qu’elle supprime ». C’est un aphorisme aussi vieux que la civilisation, qu’une femme n’a qu’à perdre à se laisser