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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/84

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L’ÉCRIN DU RUBIS

La Mode d’à présent n’a pas altéré l’attrait sensuel que la robe porte en soi. Il s’est déplacé, avec l’ascension de la jupe jusqu’au genou, mais il est resté ce qu’il était du temps de la mode longue, l’irrésistible séduction qui enchaîne notre regard à un cercle d’ombre ouvrant une échappée sur l’inconnu.

Cependant cette robe dont le bord est à portée de la main, et si légère et si floue qu’on vous la peut remonter par surprise, provoque aux plus osées licences. Que de fois à Londres aux heures d’affluence du métro n’ai-je senti un corps qui m’accolait timidement par derrière, une jambe qui s’engrenait dans les miennes ? Si je ne bronchais pas, une main s’aventurait le long de ma cuisse en pressions douces sur ma robe, montait jusqu’à mes fesses d’un glissement menu sur leur coupe médiane, mettait à profit tous les cahots de la voiture pour des attouchements plus marqués. Encouragée par ma passivité, quelquefois même par un réflexe qui donnait suffisamment à entendre au galant quand, du coin de l’œil je l’avais jugé de bon ton, la main se glissait au bas de ma jupe et trois doigts experts à froncer les étoffes la soulevaient jusqu’au point qui leur ouvrait le passage par-dessous. Certains apportaient à cette manœuvre une dextérité qui ne m’en laissait rien soupçonner ; et je pouvais croire l’entreprise interrompue quand un