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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/92

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L’ÉCRIN DU RUBIS

dait un pantalon de la plus fine batiste. Cachée comme je l’étais, pour ce spectacle, le jeu des glaces m’en renvoyait, sous les angles les plus divers, l’image troublante centuplée. Le temps n’en a point affaibli l’impression, et dans ce moment je revis si complètement cette scène que j’en ai les mêmes battements qui, alors, me semblaient emplir le silence de la pièce.

Mon regard s’était rivé sur la ligne médiane du laiteux hémisphère dont mon ignorance faisait le siège du péché. Pendant qu’Albine étalait avec minutie entre les jambes écartées une serviette, je suivais les méandres que dessinait autour de ses formes le merveilleux « inexpressible » dont ma mère était culottée. Quel mot charmant, car comment rendre la grâce mutine et tout à la fois l’étrange symbole de la coupe de cette fine enveloppe qui détient le plus intime secret de la Femme, garde ou livre sa pudeur, couve jalousement entre ses coutures le plus beau fruit de la création, caresse les vallonnements profonds de sa chair, s’entre-baise avec elle dans une accolade sans fin, s’abreuve du parfum de sa fleur et conserve dans les replis de son tissu arachnéen le frisson de ses désirs et de ses abandons !

C’était, ce jour-là, un pantalon coulissé de forme droite dépassant à peine le genou de ses deux volants superposés de haute Valenciennes piqués au-dessous d’une engrelure brodée où serpentait un large ruban de satin rose qui, faisant jarretière au bas de la cuisse,