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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/98

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L’ÉCRIN DU RUBIS

ce qu’il y avait sous la robe, de baigner mes bras dans l’air chaud qu’elle encerclait ; déjà je me complaisais au palper des étoffes ; la différence de leur trame variait mon plaisir sensuel, et plus elle était épaisse et moelleuse plus il était vif. Il se doublait à la saison d’hiver de la superposition des jupons dont on garantissait alors nos frileuses personnes. Quelle volupté c’était pour moi de plonger mes mains sous ces épaisseurs ouatées, de les malaxer, puis de les relever l’une après l’autre sur les reins ! Au délice de mes impressions tactiles s’associait celui que je prenais à cette odeur neutre dont la chaleur du corps imprégnait ces dessous. Mes narines frémissantes et subtiles y distinguaient une gamme de tonalités olfactives selon la nature des tissus. Nul ne me semblait rendre avec plus de vigueur le bouquet de la chair comme cette soyeuse flanelle dont on nous faisait des jupons et des pantalons pour les grands froids. Sa trame spongieuse absorbe l’arôme charnel et en distille sous la chaude couvaison une essence dont j’ai cherché souvent à cette source l’aphrodisiaque griserie. Les ai-je assez baisées et respirées, les culottes de finette blanche de ma petite Alice, avant de les ouvrir ou de les rabattre pour donner satisfaction à ses fesses encore impubères qui appelaient la douce griffure de mon ongle élimé ?

À mon tour je m’abandonnais quelquefois avec elle à la passivité de cet amusement dont elle se montrait friande ; mais ce n’est que beaucoup plus tard que j’en