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Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/46

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il en prit la dénomination (voir l’article qui précède). En 1815, on lui rendit son premier nom. L’alignement de ce quai a été fixé par une décision ministérielle du 30 avril 1819. Les propriétés nos 13, 23, 25, 27 et 31, devront seules subir un retranchement. Il a repris la dénomination de quai d’Austerlitz en vertu d’une autorisation du ministre du commerce et des travaux publics, à la date du 6 avril 1832.


Austerlitz (rue d’).

Commence au quai d’Orsay ; finit à la rue de Grenelle, no 138. Le dernier impair est 13 ; pas de numéro pair. Ce côté est bordé par l’esplanade des Invalides. Sa longueur est de 468 m. — 10e arrondissement, quartier des Invalides.

Elle est indiquée sur le plan de Verniquet, mais sans dénomination. En 1806, elle reçut le nom de rue d’Austerlitz (voyez l’article Austerlitz, pont d’). L’alignement, approuvé par le ministre de l’intérieur Cretet, à la date du 19 septembre 1807, passe sur le nu des constructions actuelles. — Égout — Éclairage au gaz (compe Française).


Aval (rue d’), voyez Daval.


Ave-Maria (caserne de l’).

Située dans la rue des Barrés, no 21. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

C’était autrefois un couvent de Béguines, fondé par saint Louis vers l’année 1264. Ce prince acheta d’Étienne, abbé de Tiron, une propriété pour les y établir. Dans la vie de ce monarque, par le confesseur de la reine Marguerite, on lit : « De rechief il fonda la méson des Béguines de Paris delez la porte Barbeel. » — Ce couvent comptait dans l’origine quatre cents religieuses. Leur nombre diminua bientôt ; il ne restait plus que trois personnes dans cette maison, lorsque Louis XI, en 1471, jugea à propos de la donner aux religieuses de la Tierce-Ordre pénitente et observance de Saint-François. Il ordonna, en outre, qu’on appelât ce couvent, monastère de l’Ave-Maria. On sait que Louis XI institua, le 1er mai 1472, au son de la grosse cloche de la cathédrale, les trois récitations de l’Ave-Maria. Mathieu Molé, garde-des-sceaux si distingué par sa fermeté pendant les troubles de la Fronde, fut enterré dans le chapitre de ce couvent, en vertu d’un privilège accordé par le pape. Cette communauté religieuse a été supprimée en 1790. Ses bâtiments ont été affectés peu de temps après à une caserne d’infanterie.


Aveugles (institution des Jeunes).

Située dans la rue Saint-Victor, no 68. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-des-Plantes.

Cet établissement occupe aujourd’hui une partie des bâtiments de l’ancien collége des Bons-Enfants, depuis séminaire de la Mission ou de Saint-Firmin.

Ce collége était regardé comme l’un des plus anciens de Paris, mais l’absence de documents ne permet pas d’assigner à son origine une époque antérieure au XIIIe siècle.

Dans une bulle d’Innocent IV, donnée à Lyon, le 24 novembre 1248, le souverain pontife permet à Gautier, administrateur de la maison des Bons-Enfants, de construire une chapelle.

Ce collége était presque abandonné, lorsque Vincent-de-Paul en fut nommé principal et chapelain, le 1er mars 1624. C’est là que ce prêtre vénérable jeta les premiers fondements de la Mission à laquelle ce collége fut réuni par décret du 8 juin 1627. Dès lors cette maison fut considérée comme un véritable séminaire. On y formait de jeunes ecclésiastiques qui allaient porter dans les campagnes la parole de Dieu.

Ce changement de collége des Bons-Enfants en séminaire Saint-Firmin, ne fut légalement autorisé qu’en 1707.

Les lettres-patentes du 21 novembre 1763, qui réunissaient à l’Université tous les colléges sans exercice n’avaient pas fait d’exception pour la maison des Bons-Enfants : mais le roi, par de nouvelles lettres du 22 avril 1773, ordonna que la principauté, la chapellenie et les terrains et bâtiments de ce collége resteraient attachés à la congrégation de la Mission, en réunissant néanmoins les autres biens et les bourses du collége à celui de Louis-le-Grand, conformément aux lettres-patentes du 21 novembre 1763, et à l’arrêt du parlement du 8 mai 1769.

Le célèbre réformateur Jean Calvin habita quelque temps ce séminaire, dont la chapelle était dédiée à saint Firmin.

Le séminaire de la Mission fut supprimé en 1790. Il servit de prison pendant la terreur. Des prêtres y furent massacrés dans les journées de septembre.

Nougaret, un des écrivains de l’époque, nous raconte ainsi ces horribles scènes :

« Au séminaire de Saint-Firmin, les bourreaux, las de massacrer leurs victimes, se précipitèrent dans l’intérieur de la maison, qui bientôt ne fut plus qu’une vaste boucherie.

Le sang ruisselait à grands flots sur les lits, dans les chambres, dans les escaliers… Ici, des hommes vivants étaient jetés pêle-mêle avec des hommes morts ou mourants par les fenêtres, et tombaient sur des piques, des baïonnettes, des faulx ou des hallebardes. Des prêtres furent massacrés sur l’autel qui leur servait d’asyle au moment où, à genoux, les mains placées sur la poitrine, les yeux dirigés vers le ciel, ils recevaient la bénédiction du plus ancien d’entre eux et demandaient au Dieu de la nature de pardonner à leurs assassins…

Dans le nombre des quatre-vingt-onze prêtres égorgés à Saint-Firmin, un des plus remarquables est Joseph-Marie Gros, curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, député à l’Assemblée Constituante, pasteur qui avait pour ses paroissiens la tendresse d’un père