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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/143

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Cluny[1], puisque nous avons les Juifs parmi nous, les Juifs pires que les Sarrazins ? »

Que faire contre l’épidémie, sinon tuer les Juifs qui conspirent avec les lépreux pour empoisonner les fontaines ? Aussi, on les extermine à York, à Londres, en Espagne à l’instigation de saint Vincent Ferrer, en Italie où prêche Jean de Capistrano, en Pologne, en Bohême, en France, en Moravie, en Autriche. On en brûle à Strasbourg, à Mayence, à Troyes ; en Espagne c’est par milliers que les Marranes montent sur le bûcher ; ailleurs on les éventre à coups de fourche et de faux, on les assomme comme des chiens.

Certes, les prophètes qui appelèrent sur Juda, en punition de ses crimes, les redoutables fureurs de leur Dieu ne rêvèrent pas de plus épouvantables malheurs que ceux dont il fut accablé. Quand on lit son martyrologe, tel que le pleura au seizième siècle l’Avignonais Ha Cohen[2], ce martyrologe qui va d’Akiba déchiré par des étrilles de fer, jusqu’aux suppliciés d’Ancône priant dans les flammes, jusqu’aux héros de Vitry qui s’immolèrent eux-mêmes, on se sent saisi d’une pitoyable tristesse. La Vallée des Pleurs, ainsi s’appelle ce livre qui « résonna pour le deuil… » et dont les Larmes du Pasteur de Chambrun, célébrant les huguenots proscrits, n’atteint pas la touchante grandeur. « Je l’ai nommé la « Vallée

  1. Loc. cit.
  2. Emek-Habbaka, La Vallée des Pleurs, traduction Julien Sée.