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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/159

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Hutter et Gabriel Scherding allaient fonder les communautés de Moravie, au moment où l’anabaptisme se répandait en Suisse, en Bohême et dans les Pays-Bas.

Dans ce formidable mouvement qui jusqu’en 1535 agita une partie de l’Europe, laissant partout des traces profondes, les Juifs avaient été négligés, ils avaient cessé d’être le bouc émissaire et ce n’avait plus été sur eux que s’étaient rués les pauvres hères, les affamés et les misérables.

Étaient-ils aussi heureux dans les pays catholiques ? Oui, car là aussi ils avaient cessé d’être les principaux, les uniques ennemis de l’Église, et ce n’était plus eux qu’on redoutait.

Les protestants faisaient oublier les Juifs ; leur existence menaçait la vieille conception de l’État catholique, et ce fut cette conception séculaire qui attira aux religionnaires de France, d’Italie et d’Espagne, des persécutions identiques à celles qu’avaient jusqu’alors subies les Juifs.

Cependant, après le concile de Trente, la papauté réformée se préoccupa de nouveau des Juifs. Le relâchement des idées religieuses avait amené en Italie un rapprochement entre une certaine catégorie de Juifs et les différentes classes de la société. D’abord les humanistes, les poètes, fréquentaient les savants, les philosophes et les médecins israélites. Cette familiarité avait commencé au quatorzième siècle où l’on vit Dante avoir pour ami le Juif Manoello, le cousin du philosophe Guida Romano ;