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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/160

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elle continua au quinzième siècle et au seizième siècle. Alemani fut le maître de Pic de la Mirandole, Élie del Medigo enseigna la métaphysique publiquement à Padoue et à Florence, Léon l’Hébreu publia ses dialogues platoniciens sur l’amour. Les imprimeurs juifs, comme le savant Soncino, furent en rapport constant avec les lettrés de l’époque ; Soncino, dont la librairie fut le centre des publications hébraïques, entra même en rivalité avec Alde et imprima aussi des auteurs grecs. Hercule Gonzague, évêque de Mantoue, disciple du Juif Pomponazzo de Bologne, accepta les dédicaces de Jacob Mantino, qui avait traduit le Compendium d’Averroès, tandis que d’autres princes encouragèrent Abraham de Balmes dans son œuvre de traducteur[1]. Et non seulement la catégorie sceptique, incrédule même, des hellénistes et des latinistes, adorateurs de Zeus et d’Aphrodite plus que de Jésus, frayait avec les Juifs, mais les seigneurs et les bourgeois faisaient de même. « Il se trouve, dit l’évêque Maïol[2], des personnes et souvent de qualité, tant d’hommes que femmes, qui sont si fols et insensés qu’ils consultent avec les Juifs de leurs plus intimes affaires, à leur grand préjudice. On les voit (les Juifs) hanter et fréquenter les maisons et les palais des grands, les

  1. Abraham de Balmes traduisit en latin la plus grande partie des écrits d’Averroés, et l’on se servit de ses traductions dans les universités italiennes jusqu’à la fin du dix-septième siècle.
  2. Dierum canicularium (les Jours caniculaires) traduit en français, Paris (1612), t. VII : De Perfidia Judaeorum.