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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/385

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dans les ateliers de confection travaillent douze heures par jour et gagnent en moyenne 62 centimes par heure, mais la majorité chôme trois jours par semaine, une partie ne travaille que deux à trois jours, et, en tout temps, dix à quinze mille Juifs non embauchés meurent de faim dans une détresse abominable. À New York, ils sont au nombre de deux cent mille, et, avant la fondation de l’Union des Tailleurs, beaucoup étaient astreints à vingt heures de travail par jour et touchaient un salaire de cinq à six dollars par semaine ; depuis, si leur salaire n’a pas été augmenté, la durée de la journée a été réduite à dix-huit heures et, dans quelques établissements, à seize heures[1]. En Russie, leur condition est pire. À Vilna, des Juives occupées dans les manufactures de bas tricotés gagnent quarante kopeks[2] par journée de quatorze heures de travail ; cinquante kopeks est le salaire moyen des hommes dans toutes les industries, pour des journées variant de quatorze à vingt heures ; l’immense majorité des ouvriers entassés dans les villes du territoire ne trouvent même pas à s’employer[3]. En Galicie, la situation pour la population ouvrière n’est pas meilleure : et il en est de même en Roumanie.

Il reste donc environ deux millions de Juifs qui, soit dans l’Europe occidentale, soit aux États-Unis

  1. Miss. I. Van Etten : Les Juifs russes comme immigrants (The Forum, n° d’avril 1893).
  2. Le kopek vaut quatre centimes.
  3. Léon Errera : Les Juifs russes.