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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/102

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES

ils ont la face souillée de boue, mais radieuse ils ont puisé à ce rude contact une sorte d’énergie sacrée la vertu vivifiante d’Yves Héloury a passé en eux. Car c’est ici qu’il repose, — n’en doutez point, — c’est ici que repose l’ami des pauvres qui voulut être enterré pauvrement. Ici seulement se peut respirer le parfum de son âme douce, dans cette atmosphère embaumée d’odeurs champêtres et de salure marine. Les gens de Tréguier lui ont édifié dans leur cathédrale un magnifique cénotaphe. Là iront prier les riches, ceux qui recherchent le luxe et les beautés factices de l’art jusque dans les objets de leur dévotion. Mais la foule des humbles ne désertera jamais les petits sentiers du Minihy. Toujours on les verra serpenter en longues « théories » pieuses et murmurantes vers la colline ensoleillée que baigne le Jaudy et où la grâce, la mansuétude de saint Yves sont restées comme empreintes dans le paisible sourire des choses.