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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/101

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AU PAYS DES PARDONS

ardentes. De minuscules navires aux gréements compliqués pendent aux poutres. Des femmes prient, le front dans les mains ; beaucoup portent 1& manteau de deuil, d’étoffe noire, luisante, tombant à plis harmonieux. Quelques « pèlerines » déguenillées rôdent le long des murs, avec de perpétuelles génuflexions et d’incessants signes de croix. Sur l’une des parois de la nef se lit le testament d’Yves de Kervarzin, où la paroisse du Minihy et les pauvres de toute la Bretagne figurent comme principaux légataires. Il fut transcrit là, dit-on, par les soins d’une pieuse demoiselle qui avait à expier un gros péché de jeunesse.[1]

Dans le cimetière, jouxte le grand portail, est une tombe sculptée, d’aspect modeste et sans inscription. Une ouverture en forme de voûte la traverse de part en part, dans le sens de la largeur. Les pélerins s’y glissent en rampant sur les mains et sur les genoux. D’aucuns baisent à pleines lèvres la dalle funéraire. Quand ils se relèvent,

  1. Celui d’avoir représenté la déesse Raison dans un cortège officiel, à Tréguier, sous la terreur.