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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/118

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

moines de Landévennec étaient tous à matines. Il côtoya la rivière d’Aulne jusqu’au bac de Térénès ; la fillette du passeur le déposa sur l’autre rive moyennant une bénédiction et une oraison qu’il psalmodia d’un ton navré. Elle prenait pour un mendiant en tournée le chef vénéré du clan de Cornouailles, l’homme qui fut le constructeur d’Is et réunit sur son front toutes les couronnes de l’Armorique ! Après avoir gravi la montée de Roznoën, il entra dans une chaumière, sise au bord du chemin. La ménagère lui dit :

« — Nous ne donnons l’aumône que le samedi, veille du saint jour du dimanche. Voici néanmoins une crêpe et un morceau de lard, parce que vous paraissez bien rendu. »

Il accepta, en remerciant ; et, comme ses vieilles jambes fléchissaient sous lui, il demanda la permission de se reposer un instant sur la pierre du seuil… Au crépuscule il traversa la ville du Faou. Withur, son cousin et son lieutenant, avait là son château ; il donnait une fête ; les fenêtres de sa demeure flambaient ; un brouhaha joyeux se répercutait de salle en salle. Gralon voulut s’as-