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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS


D’une des poches de son tablier le col d’une burette sortait.

« — Vous êtes sans doute pélerine » ? demandai-je.

« — Je le fus, oui. Naguère on ne voyait que moi sur les routes. Mais les forces s’usent, j’ai près de quatre-vingts ans ; je devrais être déjà couchée dans ma maison du cimetière. Je pratique encore pourtant, parce qu’il faut vivre jusqu’au bout, n’est-ce pas ? »

Elle m’apprit qu’elle se rendait à Rumengol, par Berrien, Commana, à travers tout le pays montueux. Et il y avait deux jours qu’elle voyageait, depuis Plounévez-Moédec, dans les Côtes-du-Nord, jouxte la forêt de Coat-an-Noz. Elle allait prier la Vierge de Tout-Remède[1] pour le prompt trépassement d’un moribond qui souffrait des affres infinies sans pouvoir exhaler son dernier souffle.

Pour me retenir plus longtemps à son côté, elle se mit me donner des détails sur les rites

  1. De Rumengol, nom de lieu, dont la signification s’est perdue, le clergé a fait Remed-oll, ce qui veut dire Tout-Remède.