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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/129

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AU PAYS DES PARDONS

qu’elle aurait à accomplir, une fois parvenue au lieu de son pèlerinage. Elle s’agenouillerait d’abord en face du porche où Gralon est représenté implorant pour les Bretons la tendresse de Notre-Dame, Mère de la chrétienté. Elle ferait ensuite à trois reprises le tour de la chapelle, pieds-nus, ses souliers dans les mains, en marchant à l’encontre du soleil et en récitant la très ancienne ballade, en langue armoricaine, connue sous le nom de Rêve de la Vierge[1].

Dame Marie la douce en son lit reposait
Quand il lui vint un rêve ;
Son fils passait et repassait
Devant elle, et la contemplait…

Je dus entendre toute l’oraison qui est d’ailleurs exquise et empreinte d’une fraîcheur, en quelque sorte, galiléenne… Viendrait alors la prière dans l’église. La bonne femme allumerait un cierge aux pieds de l’image sacrée, le laisserait brûler un instant, puis, brusquement, l’éteindrait, pour signifier à la Glorieuse Marie quel genre de service on attendait

  1. Cf. Soniou Breiz-Izel t. II, p. 344.