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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/13

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VII
AVANT-PROPOS


… — Dis-moi, n’aurais-tu pas vu Jénovéfa Rozel ?

— Si fait ! je l’ai rencontrée là-bas, descendant… Elle allait, j’imagine, à la chapelle, prendre congé du saint.

— Était-elle seule ?

— Nenni. Son doux Gabik l’accompagnait. Qu’il était content et qu’elle était jolie !

… Ils ne sont plus dans la chapelle… Ma belle Jénovéfa, je vous retrouverai, et avec vous votre Gabik…

— Bonjour à vous, ma commère Marguerite… Combien vendez-vous le cent de noix ?

— Mon bon monsieur, ce ne sera pour vous que trois réaux : sans mentir, je les vends dix-huit sous aux autres. Les noix sont renchéries… et l’on a bien du mal à vivre, car les temps sont durs…

… Et, à présent, à la maison ! à la maison !… Le chemin est plein de monde revenant du pardon… Et des rires ! des chants !

— L’aumône au pauvre, au pauvre vieil aveugle, qui ne voit pas plus clair à midi qu’à minuit !…

C’est le vieil aveugle Robert Kerbastiou, qui m’a si souvent chanté gwerzes et sônes.

— Oui, voilà deux sous dans votre écuelle, pauvre vieux.

— La bénédiction de Dieu soit sur vous, et puissiez-vous vivre longtemps !…


V


Le beau soir !… Le son aigu du biniou arrive jusqu’à moi, mêlé au parfum des fleurs… Le soleil s’abaisse derrière la