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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/130

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

d’elle. Il était fort à présumer qu’au même moment, là-bas, à Plounévez-Moédec, l’agonisant rendrait l’âme. Sinon, elle avait encore une ressource : elle irait à la fontaine de la sainte et y emplirait sa burette. Au retour, elle répandrait quelques gouttes de cette eau sur les paupières du patient, et ses yeux aussitôt se renverseraient dans leurs orbites, et la douleur le quitterait avec la vie.

« — C’est, je crois bien, la cinquante-sixième fois que je fais ce parcours, et pour cinquante-six vœux différents. Il n’est pas de grâces que Rumengol ne dispense : il guérit des tourments d’esprit comme des infirmités du corps. Gralon en fut le premier miraculé. Le démon de sa fille Ahès le possédait et troublait ses nuits. Notre-Dame l’en délivra… »

Lancée sur ce chapître, la vieille ne tarit plus. Mais, nous étions sur la pente des Kragou.

« — Ah ! vous allez aux Roches fit-elle, avec un léger frisson. « Dieu vous garde !… Moi, mon chemin est par cette trouée. »

Elle disparut peu à peu dans un repli de la