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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/132

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

Scaër aux belles carrures, en des vestes noires soutachées de velours ; des gars d’Elliant, engoncés dans leurs cols raides, des saints-sacrements brodés dans leur dos. Beaucoup de femmes : celles-ci flétries avant l’âge, la peau terreuse, la taille élargie par les travaux des champs et les maternités incessantes ; celles-là, délicieusement fraîches, pures fleurs d’idylles, laissant flotter ainsi que des pétales blancs les ailes éployées de leurs coiffes.

Sous le hall, des groupes stationnent devant les compartiments bondés : paysans et paysannes de la banlieue quimpéroise, gens de Kerfeunteun et d’Ergué, de Plomelin et de Fouesnant. On attelle des wagons supplémentaires qui sont immédiatement pris d’assaut. Le train repart, emportant cette caravane de croyants, grossie de halte en halte.

Je me suis faufilé à grand’peine dans une voiture occupée principalement par des soldats — de petits conscrits bretons, imberbes pour la plupart, les mains calleuses encore de la charrue, l’air rustique sous l’uniforme. Ils ont eu l’heureuse chance de