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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/136

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

à travers des solitudes presque vierges, jusque la pointe de Landévennec. L’Aulne passée, on entre dans un pays nouveau ; il n’a point l’âpreté des cîmes qu’on laisse après soi, mais encore moins l’aspect joyeux, cette riante figure des choses, qui caractérise la Cornouailles du Sud. Région de plateaux découverts, coupée de ravins profonds comme celui de Pont-ar-Veuzèn, ou de combes tristes comme celle de Lopérec, sa physionomie respire un je ne sais quoi de sobre et de grave, annonce déjà le Léon. Le train s’arrête dans une petite station en rase campagne ; un employé crie :

« — Quimerc’h Les voyageurs pour Rumengol descendent » !

Les wagons débarquent sur le quai une multitude grouillante, silencieuse et bariolée. Il est huit heures et demie environ. Le ciel, d’une blancheur lactée, s’est peuplé d’une procession de nues qui semblent s’acheminer, elles aussi, dans notre direction. Les pélerins s’égrènent au long d’une route grimpante, bordée çà et là d’auberges. Sur un palier, le bourg de Quimerc’h, transporté en cet endroit depuis l’ouverture de la voie ferrée,