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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/144

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS


« — Eh ! ces gens-là chantent ce qu’ils savent. Qu’importe ce qu’ils chantent, pourvu qu’ils chantent ! La Vierge de Rumengol n’y regarde pas de si près. Elle entend le bruit que font leurs voix ça lui suffit. C’est une preuve qu’ils se sont dérangés pour elle, qu’ils sont accourus de Landévennec ou de Recouvrance pour lui rendre visite sur sa terre et dans son oratoire ; elle se dit qu’ils ont été exacts une fois de plus, les francs gars de la flotte ; et elle est toute joyeuse de les revoir, croyez-le bien, de les revoir en bonne santé et en belle humeur. Le reste, elle n’en a cure. C’est une vraie Mère, pas du tout pleurnicharde. Vous la contemplerez tout-à-l’heure et vous verrez quelle mine accueillante elle a, dans sa robe d’or. Elle est là pour consoler, non pour gronder et se mettre en colère. Elle a le sourire sur les lèvres et elle veut qu’on ait la gaîté dans le cœur. Ses meilleurs amis sont ceux qui viennent à elle, un couplet quelconque entre les dents. Ce n’est pas sans raison que sa fête s’appelle le pardon des chanteurs !… »

Or ça, hardi, les matelots Allez-y gaîment, et