Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
AU PAYS DES PARDONS

Il parlait d’un ton si humble que la pennhéres en fut touchée.

« — À votre service » répondit-elle.

Ils se mirent à cheminer côte à côte, sous l’averse qui redoublait de violence, la jeune fille garantissant de son mieux le vieillard. Celui-ci, malgré son antiquité, marchait d’un pas dispos, d’une allure aisée et légère, comme si les pans de sa veste, fouettés de la pluie et du vent, lui eussent tenu lieu d’ailes.

« — Vous êtes une belle enfant », disait-il, « et, ce qui a plus de prix, vous avez l’air d’une enfant sage. J’ai eu jadis une fille qui vous ressemblait : elle avait votre âge, votre taille, et, comme vous, de blonds cheveux couleur de paille claire. Je l’aimais de toute mon âme. Mais elle n’avait point votre sagesse ; la soif des choses défendues brûlait son cœur, ses yeux et ses lèvres. Elle a été la tristesse de ma vie, elle est ma honte dans l’éternité. »

II se tut : sur sa figure misérable les larmes ruisselaient. La pennhérès se sentait troublée,