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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/177

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AU PAYS DES PARDONS

ges une seule fois nous nous rencontrâmes. Il me dit, d’un ton affectueux : « bonjour, Marie-Françoise » ; je lui répondis : « bonjour Yann » ; et ce fut tout. Il ne me demanda même point de nouvelles de nos fils, dont l’aîné était déjà établi maçon, à Lézardrieux… »

À l’occasion du mariage de ce fils aîné, les deux époux se rapprochèrent. Yann vînt en personne apporter son consentement. Il ne témoigna ni repentir, ni embarras, fut gai, enjoué, chanta force chansons et, la nuit des noces, s’alla coucher tranquillement aux côtés de sa femme, dans le lit de leurs éphémères amours. Le lendemain, il reprenait son essor. Mais, dans la semaine, on le revit. Et peu à peu il se fixa. À dormir à la belle étoile il avait gagné des rhumatismes ; la voix aussi s’était enrouée et les poumons commençaient à manquer d’haleine. La tiédeur paisible du foyer eut bientôt fait d’engourdir en lui les dernières révoltes de l’instinct nomade. Il finit par accrocher son bâton de voyage à l’angle de la cheminée, en murmurant le vers de Proux :