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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/179

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AU PAYS DES PARDONS

être, vous Yann, qui savez toutes choses. Il doit y avoir une autre raison que celle que m’a donnée le conscrit… »

« — Assurément, il y en a une autre, la vraie. Je vais vous l’apprendre, puisque vous l’ignorez. C’est de l’histoire ceci.

« Lorsque le roi Gralon, après avoir terminé son purgatoire sur la terre, franchit enfin le seuil du paradis, la première personne qu’il rencontra fut la Vierge, laquelle se mit à le remercier fort honnêtement de la belle église qu’il avait commandé de-lui bâtir. « S’il manquait encore quelque chose à votre bonheur, ajouta-t-elle, sachez que je suis toute disposée à vous l’accorder ».

« Hélas ! répondit le vieux roi, tant que ma fille Ahès continuera de faire dans la mer de Bretagne son triste métier de tueuse d’hommes, cette idée me poursuivra et je ne serai pas heureux. » La Vierge baissa la tête. « À cela je ne peux rien, » dit-elle. — « Tu pourrais du moins l’empêcher de nuire, écarter d’elle la malédiction des peuples en lui ôtant sa voix séduisante, instrument de tous ses crimes » — « Non plus,