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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/181

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AU PAYS DES PARDONS

« Ainsi parla Notre-Dame, et le vieux roi sentit une grande joie dans son cœur. Vous savez maintenant ce que vous désiriez savoir. »

Je prononce devant Yann le nom du poète breton Le Scour, qui s’intitula Barde de Rumengol.

« — Certes » fait-il, « il a plus qu’aucun autre mérité ce titre. II a écrit tout un livret[1] en l’honneur de ce sanctuaire. J’ai connu Ar Scour. Il menait de front l’art des vers et le négoce des vins. C’était un barde riche ; l’espèce en est rare. Au moins ne dédaignait-il pas ses confrères pauvres, ceux qui, comme moi, n’ayant pas de vin à vendre, sont obligés de vivre de leurs vers. Il se montrait serviable envers eux, leur ouvrait volontiers sa porte et sa bourse. La maison qu’il habitait à Morlaix était hospitalière à quiconque disait profession de rimer. Parmi les chants qu’il a composés, il en est qui dureront aussi longtemps qu’on parlera breton en Bretagne. Qui ne sait par cœur la Gwennili tréméniad (l’Hirondelle de passage) ? De méchantes langues, il est vrai, ont prétendu que ses meilleures pièces n’étaient pas

  1. L’opuscule Télen Rumengol (La Harpe de Rnmengol).