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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/196

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RUMENGOL, LE PARDON DES CHANTEURS

procès, et qui compte sur la Vierge pour intervenir auprès des juges ; c’est Gaïdik Tassel, une nièce souffrante, surnommée la Trop-blanche, à cause de sa pâleur : elle se languit, à peine au seuil de ses vingt ans, d’un mal dont ni elle, ni personne ne saurait dire la cause ; mais la Vierge de Tout-Remède s’y reconnaîtra… Que d’autres vœux encore ! Et que de prescriptions, dont quelques unes fort compliquées ! « Ce sou que voici, tu le déposeras dans le tronc de l’église celui que voilà, tu le laisseras tomber dans la fontaine. Garde-toi de confondre. » Ou bien : « Tu allumeras un cierge à la droite de la madone et tu noteras combien de sauts aura fait la flamme avant de brûler d’une clarté tranquille ». Bref, tout un système inextricable de rites où notre mémoire de civilisés se perdrait. L’îlien, lui, s’y retrouve aussi aisément que dans l’écheveau d’agrès de sa gabarre. Il range, il ordonne tout cela dans sa tête, avec les habitudes de méthode et de classement particulières aux matelots. Soyez assuré qu’il n’omettra aucun détail et qu’il s’acquittera point par point de la mission de confiance dont il est