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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/197

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AU PAYS DES PARDONS

investi. Pour peu qu’il y manquât, il croirait commettre un sacrilège. La destinée des êtres qui lui sont chers n’est-elle pas intéressée à ces pratiques ? Et lui-même n’est-il pas le premier, du reste, à avoir foi en leur efficacité ?

On ne cite qu’un seul exemple d’îlien ayant failli. Le malheureux aimait à boire ; le démon de l’eau-de-vie le possédait. Il s’oublia dans une des tavernes du Faou, ne mit pas les pieds à Rumengol. Quand les personnes qu’il avait amenées revinrent du pardon, elles le trouvèrent dégrisé et repentant ; elles ne refusèrent pas moins de retourner à son bord, et bien elles firent, car on n’entendit plus parler de lui ni de sa barque : la mer ne rendit même pas son cadavre.

Et l’Ouessantin qui me tournit ces renseignements ajoute d’un ton grave :

« — Heureux encore qu’il n’ait pas attiré sur sa race de pires infortunes ! »

Je lui demande :

« — Dans quel dessein ces femmes vous ont-elles donc accompagné, au lieu de se faire repré-