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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/205

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AU PAYS DES PARDONS


« Et je n’ai plus personne, hélas !
« Que faire désormais ici-bas ?

« Je n’ai plus hélas ! sur la terre
« Proche ni parent, père ni mère.

« Père ni mère, proche ni parent ;
« Vivre m'est deuil et navrement !

Une des Ouessantines s’est caché la figure dans son mouchoir : on sent qu’elle fait effort pour étouffer des sanglots. Le marin avec qui j’ai causé tantôt me chuchote à l’oreille :

« — Elle a une cœursée, la pauvre ! On jurerait que c’est sa propre gwerz, en vérité, que l’homme aux chansons lui débite là. »

Sur un rythme plus doux, avec un balancement léger de tout le corps, Yann poursuit :


« Mais non !… Il est au ciel un Père,
« Et à Rumengol bonne Mère !
 
« Ma mère bien souvent m’a dit
« De prier la Vierge bénie,
 
« La Vierge tendre de Rumengol,
« Et jamais ne serais abandonnée.