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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/230

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

Une voix dans l’assistance cria :

« — Sois donc notre envoyé et plaide auprès de lui notre cause ! »

« — J’allais vous le proposer, » répondit le chef de maison, le penn-tiern, avec la simplicité et le calme qui lui étaient habituels.

Sans plus tarder, il se mit en route pour la montagne. La lune s’était couchée ; mais, au sommet du ménez, la cellule de l’ermite brillait comme un sanctuaire mystérieux. Ronan dormait, allongé sur la terre nue, les mains en croix, la tête éclairée d’une lumière étrange. Ses pieds dépassaient le seuil de la hutte que ne fermait aucune porte. Le maître de Kernévez s’assit dans l’herbe pour attendre le réveil du saint. Il se sentait le cœur vaguement troublé et, dans sa cervelle de barbare, des idées singulières se remuaient qui lui étaient un objet d’étonnement et d’effroi.

Cependant l’aube commençait à poindre. Dès que le premier rayon eut caressé l’échine de la « jument de pierre », celle-ci poussa un hennissement très doux, et tout aussitôt l’anachorète ouvrit les yeux. Il ne témoigna nulle surprise de